Le ténor français Emmanuel Hasler débute sa formation au sein du centre de musique baroque de Versailles. Il intègre par la suite le Conservatoire national supérieur de Paris avant de venir étudier à l’Université de Montréal auprès du ténor canadien Richard Margison.
Dans Les Pêcheurs de perles, Emmanuel incarnera le rôle de Nadir. Nous lui avons posé quelques questions sur son rôle, sa vie et sa carrière.
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Est-ce le premier rôle que tu chantes avec L’OdR ?
Oui ! J’ai tellement hâte !
Que peux-tu nous dire sur son personnage ?
Nadir est un jeune pêcheur, partagé entre son devoir envers son ami Zurga et son amour interdit pour la prêtresse Leila, c’est un idéaliste qui, malgré ses serments, va placer les vertus de l’amour au dessus de toute autre considération. Toute sa musique est emplie d’un amour profond et d’un formidable élan de liberté.
Qu’aimes-tu dans la musique de Bizet ?
Sa créativité, son sens de la formule, cette capacité à générer des mélodies qui nous restent dans la tête pendant des semaines, ce mélange de clarté et d’opulence orchestrale. Il y a une sensualité et une générosité qui force l’admiration, chaque sentiment prend une texture particulière et chaque personnage, choeur compris, a son moment spécial qui le rend tangible sans que cela n’entrave le propos. Quel dommage qu’il soit mort si jeune…
Comment es-tu devenu chanteur d’opéra?
Peu de mérite: je viens d’une famille de musiciens (mère chanteuse, père chef d’orchestre, l’une de mes sœurs est également chanteuse), je suis tombé dans la marmite comme on dit chez moi !
Que chantes-tu sous la douche ?
Du ABBA !
Dans quelle mesure est-il important que des compagnies comme L'OdR existent ?
C’est à la possibilité d’existence de compagnies comme l’OdR que l’on peut juger de la santé culturelle du Québec. Si l’on se contente de faire de l’opéra dans les très grandes métropoles cela n’a aucun intérêt, pour les professionnels bien entendu mais aussi et avant tout pour le public. La musique, l'opportunité d’aller assister à du spectacle vivant doit exister dans le plus d’endroit possible. L’OdR s’est implanté dans une région importante à l’histoire riche et possédant de grands talents, il est primordial d’entretenir et encourager ce vivier.
As-tu des intérêts ou des passe-temps en dehors de la musique ?
Je suis un passionné de géopolitique. Dans une autre vie j’aurais aimé faire du journalisme ou de la recherche dans ce domaine. En dehors de ça: la poésie, les grandes saga comme The Lord of the Rings, la bonne nourriture , les chats…
Quelle est la pire chose qui te sois arrivée sur scène dans un rêve ?
J’étais premier violon pour un Requiem de Mozart au Théâtre des Champs Elysées dirigé par Hervé Niquet, et je n’arrivais pas à faire comprendre que j’étais incapable de jouer de cet instrument, je devais me résoudre à bluffer et les collègues étaient très hostiles … voilà voilà….
L’opéra est-il élitiste ?
Il ne devrait pas l’être, mais je suis conscient que c’est à nous de convaincre du contraire, parce qu’il est adossé à plein de clichés.
Pourtant l’opéra n’est pas différent de plein d’autres formes de divertissements: il offre une expérience comparable à un film ou une série: outre que les compositeurs (en particulier du XIXem et XXem) ont largement influencés Hollywood d’un point de vue musical, on parle, sur le plan thématique, d’histoires d’amour, d’aventure, de politique, d’amitié, on se moque de la société, on se dispute, on rit, on pleure…
Bref, l’opéra c’est un genre qui, dans ses objectifs, n’est pas très éloigné de ce que l’on trouve sur Netflix ! Sur plus des quatre siècles d’opéra, ce n’est pas un bloc rigide et unique, il y a de nombreux styles, de nombreuses esthétiques et les histoires racontées, les genres abordés, le thèmes de prédiction sont très variés, donc il y en a nécessairement pour tout le monde. J’ajoute qu’en ce moment de nombreux opéras sont créés et parlent de problématiques contemporaines et mettent en valeur une plus grande diversité de points de vue, c’est un art bien vivant !
La grande différence avec le support audiovisuel est qu’à l’opéra, vous voyez l’action se dérouler en direct avec les risques et l’adrénaline que cela implique, par une équipe qui se donne à 300% pour les gens présents et, de ce fait, il y a un lien unique que seule l’expérience en « présentiel » rend possible.
L’opéra n'est donc pas intrinsèquement élitiste, il est comme toute forme d’art, cuisine incluse: il y en a pour tous les goûts.
Quels conseils donnerais-tu aux jeunes d’aujourd’hui qui envisagent une carrière dans l’opéra ?
La qualité du professeur de chant est plus importante que le prestige de l’institution dans laquelle vous étudiez. Les qualités techniques du professeur de chant sont plus importantes que son prestige. Bien vous sentir en cours de chant est plus important que toute autre considération.
N’oubliez pas qu’il y a différents types de carrières, c’est une discipline plus vaste que l’on ne le prétend.
Aimer chanter n’est pas suffisant: Écoutez de la musique, beaucoup, et régulièrement.
Ne laissez pas une mauvaise période, une expérience désagréable ou des personnes malveillantes vous décourager. Mes plus grandes colères ces dernières années ont été de voir à quel point des gens talentueux pouvaient être découragés par des incompétents. De plus, si vous êtes bienveillants envers les autres et envers vous-même vous progresserez plus facilement et vivrez moins douloureusement les moments difficiles.
Quel super pouvoir aimerais-tu avoir et pourquoi ?
Dormir facilement.
Quel est l'aspect le plus passionnant de l'opéra ?
Du point de vue du chanteur, partager des moments incroyables autour des œuvres, faire partie de cette grande machine sont des sensations uniques. C’est une expérience humaine hors du commun que l’on partage avec toute l’équipe. J’ai l’impression d’entrer dans un univers parallèle qui parle de notre vie tout en nous en extirpant, pour moi qui suis quelqu’un d’anxieux c’est grisant.
Du point de vue du public, tout simplement se laisser embarquer dans un voyage au cœur des émotions humaines. L’intensité de ce que l’on y ressent est incomparable. Récemment j’ai assisté à une représentation de Boris Godounov, j’étais terriblement ému au point d’en oublier que c’était aussi mon métier et juste être porté par l’intensité du spectacle.
POUR EN SAVOIR PLUS ET ACHETER DES BILLETS
Pour plus d’informations sur l’opéra, rendez-vous sur le site Web à operaduroyaume.com.
Les billets sont en vente au prix de 55 $ au parterre et de 45 $ au balcon.
Les étudiants et enfants peuvent acheter des billets au prix de 15 $ chacun.
Achetez 10 billets, obtenez un billet gratuitement.
Vous pouvez vous procurer des billets par Internet à diffusion.saguenay.ca, par téléphone au 418 698-4080 ou en personne à la billetterie.
Photo: Catherine Charron-Drolet
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