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EN COULISSE AVEC ODÉI BILODEAU

Photo du rédacteur: operaduroyaumeoperaduroyaume

Dernière mise à jour : 21 janv.

Odéi Bilodeau, soprano
© Frederic Chais

La soprano native de Chaudière-Appalaches, Odéi Bilodeau est diplômée du Conservatoire de musique de Montréal, et lauréate de plusieurs concours internationaux. Elle a également participé à un disque été nominée pour un prix Opus.


Odéi a récemment captivé le public de l'Opéra du Royaume par la sincérité émotive et la beauté de son chant en interprétant Céphise dans Pygmalion : Rameau dans la rue.


Dans Don Giovanni, elle incarnera le rôle Donna Elvira, qui exige encore plus de ressources émotionnelles. Nous lui avons posé quelques questions sur son rôle, sa vie et sa carrière.


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Dans quelle mesure avez-vous été exposé à la musique classique et aux arts vivants ?


J'ai grandi au Bas-Saint-Laurent dans une famille de mélomanes. Mes parents nous amenaient, mes soeurs et moi, à tous les concerts présentés dans la région. On était souvent les seuls enfants, assis dans la 1re rangée.


Mon premier contact avec une production de chant lyrique doit être celle de La vie parisienne présenté par La société d’art lyrique de La Pocatière, qui malheureusement n’existe plus. Ma mère y chantait, aussi dans différents choeurs classiques du coin. Mon père est un musicien autodidacte spécialisé en musique traditionnelle et celtique. On n’avait pas de télévision à la maison, mais il y avait toujours de la musique qui jouait, principalement classique, jazz, chanson française ou musique traditionnelle.


Odéi Bilodeau en récital au festival Montréal baroque avec martin Robidoux au clavecin
Odéi Bilodeau en récital au festival Montréal baroque avec Martin Robidoux au clavecin

D’où est venue l’idée d'une carrière de musicienne ?


Au secondaire, j’ai eu l’opportunité d’essayer une session de cours privé en chant classique et j’ai beaucoup aimé. J’ai demandé à mes parents de poursuivre mon apprentissage. Afin de prouver mon intérêt, ils m’ont demandé de joindre le choeur amateur dans lequel ma mère chantait et j’ai accepté. J’étais la seule adolescente mais j’ai beaucoup aimé !


J’ai donc eu 3 ans de cours en privé de 14 à 17 ans, puis j’ai décidé de rentrer au cégep en musique et je me suis préparée pour les auditions. Je suis rentrée à Vincent-d’Indy à Montréal et j’ai poursuivi mes études supérieures au Conservatoire de musique de Montréal pendant 6 ans.


Quel est ton compositeur préféré ?


Ça dépend des jours et de mon humeur. J’aime Bach comme j’aime Mozart, Puccini,

Poulenc, Tchaikovsky ou Rameau. Il y en a que j’aime moins, mais je ne pourrais dire mon préféré.


Stephen Duncan et Odéi Bilodeau dans les rôles du Comte et Comtesse Almaviva dans Les noces de Figaro, avec avec le Festival d’Opéra de Québec / Jeunesses Musicales Canada  |  © Antoine Saito
Stephen Duncan et Odéi Bilodeau dans les rôles du Comte et Comtesse Almaviva dans Les noces de Figaro, avec avec le Festival d’Opéra de Québec / Jeunesses Musicales Canada | © Antoine Saito

Abordes-tu la musique de Rameau et de Mozart de manière différente ?


Pas vraiment, j’apprend la musique de la même façon. Par contre, j’applique automatiquement le style approprié, les ornements etc. et j’allège davantage ma voix dans Rameau.


Ayant commencé ta carrière en tant que spécialiste de la musique baroque, comment en es-tu

venue à devenir chanteuse d’opéra ?


À l’école on nous fait chanter de tout mais j’avais une facilité et un timbre approprié à la musique

baroque, c’est donc ce vers quoi on m’a dirigé. J’ai participé au stage offert par Tafelmusik, deux étés consécutifs. C’est là que j’ai réellement compris les différents styles baroques. À l’époque j’étais quand même déçue de penser que je ne chanterais jamais du Puccini, croyant ne pas avoir la voix pour chanter du répertoire plus lyrique.


Mais en fait je n’avais juste pas encore compris comment chanter avec toute ma voix. Quand j’ai rencontré Ariane Girard, il y a maintenant presque 10 ans, elle m’a montré petit à petit comment comprendre mon instrument et l’utiliser au complet. Ça m’a ouvert la « voix » vers tout ce pan de la musique vocale auquel je croyais ne pas avoir accès. Maintenant, je suis contente de pouvoir faire les deux.


Odéi Bilodeau en concert avec Les Violons du Roy, dirigé par Jonathan Cohen au clavecin
Odéi Bilodeau en concert avec Les Violons du Roy, dirigé par Jonathan Cohen au clavecin

Peux-tu décrire le parcours et l’évolution d'Elvira tout au long de l’opéra ? Quelle est sa

fascination pour un homme qui la traite si mal ?


Donna Elvira a eu un coup de foudre immense pour Don Giovanni. Et il l’a épousé. Elle avait donc toutes les raisons de croire qu’il serait l’homme de sa vie. Il l’a quitté sans crier gare, il s’est enfui. Je pense que tout le long de l’opéra, Elvira essaie de comprendre pourquoi il l’a trahie et manipulée. Elle est tellement amoureuse que malgré sa colère et sa peine, elle espère le changer et le sauver. Elle passe, de façon extrême, par toutes les émotions qu’on peut ressentir lorsqu’on est en peine d’amour et elle ne peut pas l’accepter. Au fond d’elle, elle espère toujours, elle croit que l’amour aura le dessus sur la trahison.


Personne n’est à l’abri d’un tel amour irrationnel. Qui n’a pas un exemple d’une telle situation, une personne amoureuse qui n’arrive pas à décrocher de l’autre personne qui lui fait du mal, la manipule ou la trompe ?


As-tu un moment préféré dans Don Giovanni?


J’aime beaucoup le passage en trio avant le final du premier acte, chanté par Elvira, Anna et Ottavio. C’est un aparté où ils font leur prière avant de passer à l’action pour piéger Don Giovanni à la fin du 1er acte. Je trouve ce passage particulièrement émouvant, comme en flottement, au milieu de l’action, comme si tout s’arrêtait quelques minutes.


Odéi Bilodeau dans le rôle de Donna Elvira avec le Festival d’Opéra de Québec / Jeunesses Musicales Canada en 2017                     © Antoine Saito
Odéi Bilodeau dans le rôle de Donna Elvira avec le Festival d’Opéra de Québec / Jeunesses Musicales Canada en 2017 © Louise Leblanc

Comment des rôles comme Elvira et Céphise s’inscrivent-ils dans ta vision du monde en tant que femme du XXIème siècle?


L’amour n’a pas d’âge et pas d’époque et la preuve est que ces deux protagonistes, Elvira et Céphise pourraient très bien vivre aujour'hui. Dans l’histoire originale, l'artiste célèbre Pygmalion a créé lui même la femme idéale à ses yeux, il l’a façonné et l’Amour le félicite de son exploit.


Lorsque nous avons fait une version plus courte de l’opéra cet été, la fin a été modifiée : Pygmalion reprend ses esprit et revient vers Céphise. Cette dernière est restée fidèle et nous montre que l’amour est plus fort que tout. Ce n’est pas toujours vrai, malheureusement, mais dans ce contexte, c’est possible. À deux, un couple peut traverser des épreuves, si la confiance reste et si l’effort y est mis, l’amour triomphera. J’ose y croire.


Pour Elvira c’est différent. Lorsque j’ai chanté Elvira pour la 1re fois, en 2017-18, le mouvement #Metoo #moiaussi commençait. L’opéra ne pouvait être plus de notre époque. Elvira est à l’image de bien des jeunes femmes, qui sont tombées amoureuses d’hommes séducteurs, mais trompeurs, narcissiques ne pensant qu’à leur plaisir. Mais elle me touche, son amour est sincère. Elle a aussi une intuition qui lui permet d’empêcher d’autres femmes de tomber dans le piège. Même si, malheureusement, elle n’arrive pas elle-même à ne pas y retomber.


À Jonquière en avril, les places de cabaret pour Don Giovanni seront « au cœur de l’action ». D’après ton expérience, que peux-tu nous dire sur le fait de jouer dans un environnement où la barrière entre l'artiste et le public a été enlevée ?


Jouer si proche du public, être témoin de leurs moindres réactions pourrait sembler être une source de distraction, mais au contraire, ça nourrit. Comme interprète dans Pygmalion : Rameau dans la rue, je trouve extraordinaire de ressentir leurs émotions et de capter leur attention. Je pense que le public apprécie davantage son expérience, il se sens impliqué, même malgré lui. C’est intimidant, mais en même temps, ça m’oblige à être vraie. Quand le public est si proche, c’est impossible de jouer en surface et de ne pas être impliqué à 110 %.


Odéi Bilodeau incarne le rôle de Céphise dans Pygmalion : Rameau dans la rue au Place de Royaume
Odéi Bilodeau incarne le rôle de Céphise dans Pygmalion : Rameau dans la rue au Place de Royaume

On a remarqué que tu étais en larmes pendant les représentations de Pygmalion : Rameau dans la rue. Comment arrives-tu à équilibrer l’interprétation d’un rôle émotionnel avec les exigences techniques du chant?


Je ne sais pas comment j’ai pu pleurer et vivre réellement les émotions traversées par Céphise lors de chacune des représentations de ce projet. J’étais la première surprise d’arriver à ressentir autant la peine de Céphise. Faut dire aussi que j’avais un excellent partenaire, généreux et bon comédien.


Je pense que pour moi, c’est aussi une question de maturité. Avec le temps et l’expérience, j’ose aller plus loin et vivre pleinement l’émotion qui vient. Plus jeune, je ne me serais probablement pas laissée aller autant. Les larmes coulaient, mais pas au point de ne pas pouvoir chanter, il ne faut pas se rendre aux vrais sanglots, tout en étant dans l’émotion, il faut garder le contrôle.


As-tu une opinion sur le roulement ou le grassayment des «R » lorsqu'on chante en français ?


Je suis une bonne élève. Je vais faire comme on me demande ! Enfant, je n’arrivais pas à rouler mes « r ». J’ai dû travailler très fort pour y arriver, avec des exercices de diction. Pendant plusieurs années, je pouvais faire un flip, mais pas chanter une note sur le roulement du « r ». Encore maintenant, si il y a plusieurs « r » à rouler de façon très rapprochés dans une même phrase, j’ai de la difficulté, j’ai l’impression de m’enfarger. Mais je remarque que lorsque grasseyés, dans la même phrase, on ne les entends pas tous correctement. Bref, dans les deux cas, je dois les travailler afin que la projection vocale et la compréhension du texte soient bonnes.


As-tu des intérêts ou des passe-temps en dehors de la musique ?


J’adore marcher en forêt. J’ai le bonheur d’habiter au pied du mont Saint-Hilaire et j’essaie d’y aller régulièrement, en toute saison. J’ai grandi au milieu de la forêt et mes parents m’ont appris à prendre conscience de la beauté de mon environnement. Je m’émerveille beaucoup devant la nature, en ce moment, par exemple la beauté de l’hiver me fait le plus grand bien. J’aime beaucoup lire aussi. Mais avec deux jeunes enfants, les passes-temps, il y en a moins ! Je profite du temps que j’ai avec eux.


Odéi Bilodeau, en forêt.

Comment arrives-tu à équilibrer les exigences de ta carrière avec la vie de famille ?


Ce n’est pas toujours facile (surtout pour les virus qu’on contracte à répétition ! ) mais j’ai la chance d’avoir un conjoint conciliant, qui me supporte dans mon travail. Il a aussi un horaire atypique par contre, ce qui fait que ce n’est pas toujours facile à concilier ! Il doit souvent prendre congé pour que je puisse aller chanter à l’extérieur.


Quand j’ai plusieurs soirs consécutifs de répétitions, ou quand je dois quitter plusieurs jours, c’est beaucoup plus difficile pour mes enfants. J’avais fait la tournée des Jeunesses musicales en 2019 avec mon bébé de 8-9 mois. Il a appris à marcher à 4 pattes dans un hôtel d’Halifax ! Mais depuis, je ne me suis pas encore absentée plus qu’une semaine. Et souvent, la famille va suivre pour une partie du séjour, si c’est à une distance raisonnable.


Ce printemps, ce sera la première fois que je serai partie aussi longtemps de la maison. Mais ce ne sera pas la dernière fois de l’année. Ils grandissent et le fait que « maman chante » fait partie de leur réalité.


Odéi Bilodeau (enceinte de 5-6 mois)  en récital pour les Jeunes Ambassadeurs lyriques en 2018  |  © André Chevrier.
Odéi Bilodeau (enceinte de 5-6 mois) en récital pour les Jeunes Ambassadeurs lyriques en 2018 | © André Chevrier.

As-tu un rôle ou un projet de rêve que tu aimerais réaliser ?


J’aimerais chanter Mimi dans La bohème et aussi Blanche dans Les dialogue des Carmélites. Ce sont deux opéras qui me touchent profondément.


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POUR EN SAVOIR PLUS ET ACHETER DES BILLETS


Pour plus d’informations sur l’opéra, rendez-vous sur le site Web à operaduroyaume.com.


Les prix des billets sont les suivants :


  • 99 $ (taxes et frais inclus) pour les billets de cabaret (seulement 60 par spectacle)

  • 74 $ (taxes et frais inclus) pour les billets standards

  • 64 $ (taxes et frais inclus) pour les rangées arrière


Il y a un rabais de 20 % aux personnes de 18 à 34 ans et de 50 % aux personnes de 12 à 17 ans. Le spectacle n'est pas adapté aux jeunes enfants.


Vous pouvez vous procurer des billets :

  • par Internet à reservatech.net 

  • par téléphone au 418-545-3330

  • en personne dans le point de vente de la région. (Jean Coutu du boul. Talbot, Tabagie Nelson, Bibliothèque d’Alma, Familiprix de Roberval.)


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