
Emma Fekete est diplômée du Conservatoire de musique de Val-d'Or. Elle est lauréate du concours Laffont du Metropolitan Opera pour le district de Caroline du Sud et du Sylva Gelber Music Foundation Award, et a reçu plusieurs bourses en Hollande et au Canada. Elle a obtenu une licence et une maîtrise avec grande distinction du Conservatoire d’Amsterdam, et était en résidence artistique à l'Atelier lyrique de Montréal 2022-2024.
Emma a fait ses débuts en France au Festival d'Aix-en-Provence en 2024 dans le rôle d'Yniold dans Pelléas et Mélisande. Dans Don Giovanni, elle incarnera le rôle Zerlina, une jeune mariée qui est tentée par un homme qui promet de changer sa vie. Nous lui avons posé quelques questions sur son rôle, sa vie et sa carrière.
Si vous appréciez cette entrevue, abonnez-vous pour ne pas rater la prochaine.
Comment as-tu commencé à faire de la musique classique et à chanter?
Ayant grandi à Val-d’Or, je suis très chanceuse d’avoir pu suivre des cours de musique au
Conservatoire dès mon plus jeune âge. J’y ai reçu une formation de haute qualité, commençant d’abord par le violon, suivi par le piano, et finalement, le chant classique. J’ai découvert l’opéra pour la première fois lors d’une représentation du Barbier de Séville par une troupe qui faisait une tournée québécoise. Le reste appartient à l’histoire!

Peux-tu partager l’histoire de ton nom et de comment ta famille est arrivée à Val-d’Or ?
On me demande souvent pourquoi une fille de Val-d’Or a un nom de famille aussi peu commun. J’ai dû entendre mon nom prononcé de 10 manières différentes au cours de ma vie (Fékéta, Fèketé, Fékète). C’est le nom de mon grand-père paternel qui est venu s’installer au Yukon dans les années 1950 en tant que réfugié hongrois. Et puisque mon père est géologue, nous nous sommes retrouvés dans la Vallée-de-l’Or!
Qu’est-ce qui t’a amenée en Hollande pour tes études? Comment as-tu trouvé la
vie à Amsterdam?
J’ai toujours su que je voulais vivre en Europe à un certain moment de ma vie, et puisque
l’Europe est le berceau de la musique classique, cela faisait beaucoup de sens de poursuivre
mes études là-bas. Amsterdam est réputée pour son accueil d’étudiants étrangers et ses frais de scolarité abordables. J’y ai passé cinq merveilleuses années où j’ai pu assister à
d’incroyables concerts toutes les semaines. C’est une culture qui prône la tolérance, l’ouverture d’esprit, et l’honnêteté, et ces valeurs m’ont aidé à façonner mon identité pendant le début de ma vingtaine.

Y a-t-il une chose que tu n’as apprise qu’après toute ta formation?
On a beau nous le dire, mais rien ne nous prépare vraiment à la carrière de chanteur d’opéra. C’est un métier atypique qui comporte beaucoup d’incertitudes. Je pensais qu'en cochant certaines cases, j'aurais "réussi". Mais il n'y a pas de "réussite" définitive. On continue simplement : une fois qu'un projet est terminé, on passe au suivant. Et parfois, il n’y a pas de projet suivant. Je n’étais pas préparée aux longues périodes où je ne travaillerais pas. C’est difficile, car on se remet beaucoup en question. Mais la réalité est qu’il faut faire la paix avec le fait qu’il s’agit d’un marché saturé, que la compétition est féroce et qu’il n’y a jamais de garantie.
Quel est ton compositeur ou ton œuvre préférée?
Mozart est un de mes compositeurs préférés. C’est un génie de la comédie: son sens du timing comique est exceptionnel. Les Noces de Figaro en est un parfait exemple. C’est un opéra que je chanterais encore et encore. Je suis très heureuse de pouvoir explorer son Don Giovanni, un ‘dramma giocoso’ qui incorpore des éléments de comédie à une œuvre plus sombre et dramatique.

As-tu des suggestions sur la manière dont le secteur pourrait mieux soutenir les
artistes qui débutent dans la profession?
J’ai la chance d’être soutenue par plusieurs organisations et fondations. Sans leur soutien, il me serait impossible de pratiquer ce métier. En termes de compagnies qui produisent de l’art, je crois qu’il est essentiel de démocratiser l’opéra en allant rejoindre un public plus jeune et diversifié, soit en créant des opéras nouveaux avec des histoires qui résonnent avec notre génération, ou en sortant des grandes salles pour engager avec le public dans leurs propres environnements: parcs, bars, salles de concert plus éloignées, etc.
Maintenant que tu travailles des deux côtés de l'Atlantique, en quoi est-ce
différent de travailler en Amérique du Nord par rapport à l'Europe ?
Je dirais que l’opéra fait partie intégrante de la culture en Europe, où il est profondément
enraciné, étant donné son histoire. Chaque grande ville européenne possède une maison
d’opéra, souvent située dans le centre historique. Ce que j’apprécie particulièrement en
chantant au Québec, c’est la chance de pouvoir toucher un public qui peut vivre l’expérience de l’opéra de manière nouvelle et parfois pour la première fois. Et surtout, dans le cadre de cette production de Don Giovanni, dans leur propre langue!

Pourquoi Zerlina reste-t-elle avec Don Giovanni le jour de son mariage?
Zerlina est une paysanne, et le cours de sa vie a été déterminé le jour où elle est née: sois une bonne fille, marie-toi au bon garçon du village, menez une vie simple et dévouée. Tout d’un coup, sa vie entière est bouleversée quand un homme de la noblesse brise les conventions sociales. À travers son regard, elle se perçoit d’une toute autre manière: elle est désirable, indépendante, et un monde de possibilités qu’elle n’avait jamais imaginé auparavant s’ouvre à elle.
Quel est ton moment préféré dans Don Giovanni?
J’aime beaucoup les grands numéros d’ensemble, particulièrement le sextuor du deuxième
acte, où tous les personnages parlent en même temps, réagissant à la situation à leur manière. Les lignes entrecroisées sont absolument incroyables, et les relations entre les personnages sont magnifiquement illustrées à travers la musique. C’est fascinant de voir comment chaque voix ajoute une nouvelle dimension à l’intrigue et au caractère des personnages.

Que chantes-tu sous la douche?
J’ai récemment commencé à revisiter beaucoup de “Canadiana” que mes parents écoutaient quand j’étais jeune: Leonard Cohen, Ian Tyson, k.d. lang, Joni Mitchell, Stan Rogers. La poésie de ces grands auteurs-interprètes résonne particulièrement avec moi dans cette période de ma vie: la complexité des relations interpersonnelles, la spiritualité dans diverses formes, l’introspection…
Quels conseils te donnerais-tu il y a cinq ans?
Il y a cinq ans, c’était le début de la pandémie. J’étais en première année de maîtrise, et l’idée de ne pas pouvoir chanter en public me terrifiait. Mon conseil serait de prendre le temps d'aimer chanter pour soi-même, sans devoir exister dans l'œil du public.

Où te vois-tu dans cinq ans? Y a-t-il des rôles de rêve que tu aimerais interpréter?
Ces jours-ci, je suis plongée dans l’univers de Verdi et de l’opéra italien. J’aimerais chanter les grandes héroïnes comme Gilda dans Rigoletto et un jour, Violetta dans La traviata.
Cela marque vos débuts à l’Opéra du Royaume. Comment cette production se
distingue de vos autres contrats?
En tant que chanteurs d’opéra, nous sommes de véritables nomades. Nous voyageons à
travers le monde et chantons avec de nouvelles personnes à chaque production. Ce qui est
particulier avec cette production, c’est que je vais non seulement travailler avec une distribution de haute qualité, mais aussi avec des amis proches et des collègues que j’adore. Je suis convaincue que nous allons nous amuser énormément pendant les répétitions, et je suis certaine que cette énergie se ressentira sur scène!

Si vous appréciez cette entrevue, abonnez-vous pour ne pas rater la prochaine.
POUR EN SAVOIR PLUS ET ACHETER DES BILLETS
Pour plus d’informations sur l’opéra, rendez-vous sur le site Web à operaduroyaume.com.
Les prix des billets sont les suivants :
99 $ (taxes et frais inclus) pour les billets de cabaret (seulement 60 par spectacle)
74 $ (taxes et frais inclus) pour les billets standards
64 $ (taxes et frais inclus) pour les rangées arrière
Il y a un rabais de 20 % aux personnes de 18 à 34 ans et de 50 % aux personnes de 12 à 17 ans. Le spectacle n'est pas adapté aux jeunes enfants.
Vous pouvez vous procurer des billets :
par Internet à reservatech.net
par téléphone au 418-545-3330
en personne dans le point de vente de la région. (Jean Coutu du boul. Talbot, Tabagie Nelson, Bibliothèque d’Alma, Familiprix de Roberval.)
Σχόλια