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EN COULISSE AVEC CAROLE-ANNE ROUSSEL

Dernière mise à jour : il y a 5 jours

Carole-Anne Roussel, soprano | Photo : Matt Ayotte

La soprano bas-laurentienne Carole-Anne Roussel a en main une maîtrise avec distinction du Conservatoire de musique de Québec. Elle est récipiendaire du prestigieux Prix d’Europe 2021 et lauréate du Concours Reine Elisabeth de Belgique en 2023.


Carole-Anne a séduit les enfants de Saguenay dans Le vilain petit canard, en juin 2024. Dans Don Giovanni, elle incarnera le rôle Donna Anna. Nous lui avons posé quelques questions sur son rôle, sa vie et sa carrière.

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Que peux-tu nous dire de ton enfance et de ton initiation au chant ?


J'étais une enfant qui a grandi dans le monde du sport! Tout mon enfance, j'ai pratiqué le patinage de vitesse courte piste. C'est là que j'ai appri les bases de la performance: la persévérance, la détermination, la préparation, la bonne camaraderie avec ses compétiteurs, l'entrainement acharné, la passion, les objectifs personnels. J'ai pratiqué avec beaucoup de sérieux et de discipline le sport de compétition de 3 à 16 ans.


À partir de 13 ans, j'ai commencé le chant en concentration musique-études à Rivière-du-Loup, en parallèle avec mon sport. J'ai immédiatement senti une connexion profonde avec ce magnifique geste de chanter, de partager à travers la voix. Au départ, mon vibrato naturel, ma voix de tête claire et agile et ma projection ont tout de suite pointé vers le chant classique, même si je rêvais au fond de moi de chanter la grande musique populaire comme tous mes collègues.


Carole-Anne Roussel, soprano, dans The Telephone de Menotti
Carole-Anne Roussel dans le rôle de Lucy dans The Telephone de Menotti au Conservatoire de musique et d'art dramatique du Québec

J'étais cependant trop impressionnée par ma professeur de chant pour lui avouer que je n'assumais pas de chanter de la musique classique. Cela a duré jusqu'à ce qu'un jour en plein concert de Noël, j'aie la piqûre. Je me souviens, je chantais Tico Tico et mon micro n'a pas fonctionné. Je l'ai mis de côté, j'ai projeté la voix pour que tous m'entendent bien et j'ai compris dans le regard du public que quelque chose s'était passé. J'ai ressenti au fond de moi que j'étais destinée à pratiquer cette musique peu répandue dans ma région, moins populaire auprès des jeunes. La passion n'a depuis jamais cessé de croitre en moi. 


Quand as-tu décidé de devenir chanteuse d’opéra ?


Je me rappellerai toujours d'un petit moment en toute sincérité avec ma toute première professeure de chant, Marie-Maude Viens. Je devais avoir 15 ans! À ce moment, on ne passait pas beaucoup de temps de temps de cours à me faire des compliments, bien-sûr. On était dans le travail de la voix, la tête baissée, à bâtir l'instrument sans nécessairement contempler le travail accompli ou sans complimenter ma voix. Je n'étais pas consciente de ce que j'avais en moi.


Lors de ce cours précis, on avait décidé de faire une petite trève de travail pour qu'elle puisse me dire que si j'avais envie d'en faire ma vie, j'avais tout à fait le droit d'y rêver et de me laisser essayer jusqu'au bout. Elle m'invitait à croire en moi autant qu'elle et me disait qu'elle me soutiendrait dans ce chemin. À partir de ce moment, j'ai eu comme désir ardent d'en faire mon métier et ça n'a jamais cessé depuis.


Carole-Anne Roussel, lauréate du Concours Reine Elisabeth 2023  |  Photo : Alexandre de Terwangne
Carole-Anne Roussel, lauréate du Concours Reine Elisabeth 2023 | Photo : Alexandre de Terwangne

Quels sont, selon toi, les avantages et les défis de ta carrière de chanteuse d’opéra professionnelle résidente à Rimouski ?


Eh oui! J'habite Rimouski... Le Bas-Saint-Laurent est mon berceau, et bien que j'ai essayé de m'en éloigner, tout me ramène à lui. Il est difficile d'être artiste lyrique sans habiter une grande ville, cela occasionne d'être toujours sur la route, de ne pas beaucoup travailler à la maison et surtout de n'être pas présent dans le tissu culturel des autres grandes villes.


Cependant, pour moi, ma voix et mon être, je sais que tout l'émerveillement que je mets dans mon chant provient des moments de connexion avec moi, chez moi, avec ma famille et mes racines. Je suis donc une fière bas-laurentienne, et je relève le défi de l'éloignement géographique pour remplir mon sac de souvenirs inspirants et repartir avec ceux-ci pour les chanter dans tout le monde!


Mon éloignement me sensibilise également aux réalités des petites villes québécoises plus excentrées qui n'ont pas beaucoup d'offre musicale classique. J'essaie par tous les moyens d'aller contre cette tendance et d'amener de la musique dans toutes les régions, de l'Abitibi à la Gaspésie, en passant par la Côte-Nord. Il est possible de faire beaucoup quand on s'y met!


Quel est le plus important pour toi en tant qu’artiste ?


Le plus important pour moi, lorsque je suis sur scène et lorsque je partage avec le public, c'est de créer un espace magique. Je crois que nous sommes capables en tant qu'interprète d'arrêter le temps pour un petit moment et exactement à ce moment, de mettre un peu de bien dans chaque personne, de manière à les soulager quelques minutes de leur fardeau, de leur faire du bien profondément et sincèrement. Nous sommes les guérisseurs de l'invisibile!


Carole-Anne Roussel avec le célèbre baryton-basse José Van Dam, son tuteur lors de sa résidence à la Chapelle musicale Reine Elisabeth de Belgique.
Carole-Anne Roussel avec le célèbre baryton-basse José Van Dam, son tuteur lors de sa résidence à la Chapelle musicale Reine Elisabeth de Belgique.

Nommes trois choses que tu as apprises du grand baryton-basse José Van Dam.


José est un homme d'une immense simplicité, d'une écoute extraordinaire et d'une gentillesse sans pareille. Trois conseils majeurs que je retiens de lui seraient les suivants :


  1. Le texte!!! Le texte prime sur tout. Notre musique ne vaut rien si on ne s'accroche pas au sens des mots et à la sensibilité du son idiomatique de chacune des langues. PLUS DE TEXTE!

  2. Cela ne sert à rien de travailler dans le détail si nous n'avons pas les bases. La voix saine, le corps qui travaille de la bonne manière, c'est la base. Il faut calmement se poser sur la bonne technique et puis on pourra travailler le style, les détails, etc.

  3. Ça il ne l'a pas verbalisé, mais j'ai pu le constater chez lui. Le plus important est de rester toujours très proche de qui nous sommes à l'intérieur, dans l'ouverture, la sensibilité, la gentillesse, la générosité et l'humilité. Aucun succès professionnel ne devrait impacter qui nous sommes profondément à l'intérieur. 


Nous t'avons vue à la Salle Pierrette-Gaudreault, où tu as incarné avec beaucoup d'humour la mère canard et la poule. Comment abordes-tu différemment un rôle comme Donna Anna dans Don Giovanni ?


Bien sûr, Donna Anna a une personnalité bien différente que celle de la poule! Sa fonction dans l'oeuvre ne pourrait être plus différente que celle de nos amis à plumes qui nous ont bien fait rigoler en 2024!


Carole-Anne Roussel à la salle Pierrette-Gaudreault dans le rôle de la poule dans Le vilain petit canard de Jean-François Mailloux  |  Photo : Jessica Latouche
Carole-Anne Roussel à la salle Pierrette-Gaudreault dans le rôle de la poule dans Le vilain petit canard de Jean-François Mailloux | Photo : Jessica Latouche

Donna Anna est une femme très sensible n'a pas peur de faire de la place pour que ses émotions puissent être vécues et digérées de la sorte. Elle offre au public de l'accueillir dans le deuil de son père et dans ses difficultés à l'intérieur de son couple. On aimerait qu'elle puisse passer à autre chose! Eh bien c'est la même chose dans nos vies. Certains deuils sont longs, surtout vécus lors de drames comme le sien. Ils nécessitent de pleurer, de parler et de patienter. C'est le temps qui vient panser ce genre de plaies.


Don Giovanni est un opéra merveilleusement bien fait. Il alterne avec brio les moments de tension et de combats, les moments de manigences et de planification, les moments de plaisir et de joie, ainsi que les moments de douceur toutes en émotion. C'est particulièrement dans ce dernier aspect que Donna Anna brille pour moi. Elle est certainement dans plusieurs moments énergiques, mais elle offre des lignes vocales somptueuses qui s'envolent et elle contribue parfois à arrêter le temps, à donner un répit de l'intrigue et à offrir un moment touchant.


Manuscript autographe de Mozart du dernier air de Donna Anna, "Non mi dir"  |  Bibliothèque Nationale de France
Manuscript autographe de Mozart du dernier air de Donna Anna, "Non mi dir" | Bibliothèque Nationale de France

Pour le reste, c'est un opéra qui peut être vu de plusieurs angles différents au niveau de chacun des personnages. On en a émis des hypothèses depuis le temps de Mozart! Il est du travail du metteur en scène de nous guider vers la vision que la production prendra et les nuances qu'il entrevoit. Je me réjouis de relever le défi de chanter cette partition virtuose avec notre magnifique équipe!


La scène de l’opéra est un lieu intense d’émotions et de partage. Qu’est-ce que tu ressens juste avant de monter sur scène ?


Je me sens comme un lion en cage, ou comme un cheval juste avant d'entamer sa course! Je suis gonflée à bloc et j'ai la tête pleine de chacuns de mes objectifs à réaliser. La scène me fait tripper comme on dit... elle me rend folle de joie et me remplit d'énergie. Le contact avec les autres artistes aussi, le sentiment de reposer sur eux et de les sentir également reposer sur nous, c'est une joute enivrante!



Dis-nous, que chantes-tu sous la douche ?


Je ne travaille jamais sous la douche, hihi! Je suis une grande fan des ambiances reposantes. Je suis déborde d'énergie en général, alors une musique douce, une ambiance sonore calme ça m'aide à faire descendre l'énergie et à me détendre le soir venu.

   

As-tu un rôle de rêve que tu aimerais interpréter?


Je rêve de chanter toutes les héroînes française. J'ai chanté déjà Leïla dans Les pêcheurs de perles, mais je rêve de pouvoir chanter Micaëla dans Carmen, Juliette dans Roméo et Juliette, mais surtout Manon de Massenet.


Carole-Anne Roussel dans le rôle de Leïla dans Les pêcheurs de perles avec Jeunesse Musicales Canada

POUR EN SAVOIR PLUS ET ACHETER DES BILLETS


Pour plus d’informations sur l’opéra, rendez-vous sur le site Web à operaduroyaume.com.


Les prix des billets sont les suivants :


  • 99 $ (taxes et frais inclus) pour les billets de cabaret (seulement 60 par spectacle)

  • 74 $ (taxes et frais inclus) pour les billets standards

  • 64 $ (taxes et frais inclus) pour les rangées arrière


Il y a un rabais de 20 % aux personnes de 18 à 34 ans et de 50 % aux personnes de 12 à 17 ans. Le spectacle n'est pas adapté aux jeunes enfants.


Vous pouvez vous procurer des billets :

  • par Internet à reservatech.net 

  • par téléphone au 418-545-3330

  • en personne dans le point de vente de la région. (Jean Coutu du boul. Talbot, Tabagie Nelson, Bibliothèque d’Alma, Familiprix de Roberval.)


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Carole-Anne Roussel, soprano, avec pianiste Martin Dubé
Carole-Anne Roussel, soprano, avec pianiste Martin Dubé

Carole-Anne Roussel est représentée par Marjorie Bourque de l'Agence Danielle Lefebvre.




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